Qui veut gagner des milliards ?
L'Etat a donc décidé d'injecter 10,5 milliards d'euros au capital des six plus grandes banques privées françaises : 3 milliards pour le Crédit Agricole, 2,55 milliards pour BNP Paribas, 1,7 milliards pour la Société Générale, 1,2 milliards pour le Crédit Mutuel, 1,1 milliards pour la Caisse d'Epargne et enfin 950 millions pour les Banques Populaires.

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10,5 milliards d'euros ! Mais ils n'en avaient pas besoin, disaient-ils. La solidité de leurs établissements se suffisait à elle-même, avaient-ils déclarés. Et dans un communiqué de presse, la Banque de France avait elle-même affirmé que ces six établissements affichaient un état « tout à fait satisfaisant, conforme ou supérieur à ce qui a été demandé par la commission bancaire à chaque établissement, en fonction de la nature de ses activités et de son profil de risque ».
10,5 milliards d'euros ! Et quoi en échange ?
En échange de cet apport de fonds propres par l'Etat, les six principales banques hexagonales se sont engagées sur des mesures économiques et éthiques : les banques se sont notamment engagées à développer la distribution du crédit et par conséquent le financement de l'économie de façon notable... Dit autrement, l'Etat a versé plus de 10 milliards d'euros pour que les banques fassent tout simplement leur travail.
Un cadeau et au résultat, évidemment, les valeurs bancaires se sont envolées, mardi 21 octobre, à la Bourse de Paris . Le Crédit Agricole s'est située en tête des hausses du CAC 40 (+15,74%), suivie de la Société Générale (+10,23%) et de la BNP (+7,47%), dans un marché en très faible hausse de seulement 0,78%.
C'est que le cadeau de Nicolas Sarkozy à ses amis banquiers était en réalité double : D'une part l’Etat injecte des fonds, et de l'autre il s'abstient d’entrer au capital des banques privées qu'il recapitalise. Ainsi celles-ci reçoivent les 10 milliards d'argent public tout en demeurant totalement libres d'en user comme elles l'entendent. Georges Pauget, patron du Crédit Agricole et président de la Fédération bancaire française, a d'ailleurs déclaré avec une rare impudeur : « Nous avons posé nos conditions, et parmi celles-ci, que l'Etat ne nous apporte pas de vrai capital. Nous ne voulons pas d'un Etat avec des pouvoirs dans la gestion des établissements ». Et en effet, Nicolas Sarkozy, bonne poire libérale, venait de se coucher.
Pourtant même les anglo-saxons ont choisi la voie de la sagesse et de l’intérêt général. Le gouvernement américain de George W. Bush, le gouvernement anglais de Gordon Brown, ceux du Luxembourg, de la Belgique et des Pays-Bas, tous ont choisi la nationalisation partielle de leurs banques, tous ont choisi de prendre une part du pouvoir dans les conseils d'administration des banques privées, pouvoir sans lequel il ne peut y avoir de vrai contrôle sur la manière dont les banques font des affaires.
Encore une fois, d'un côté les mots, de l'autre les actes. D'un côté Nicolas Sarkozy parle de régulation et de retour de l'Etat, et de l'autre il se révèle plus libéral que les ultra-libéraux en se refusant à ce que l'Etat prenne sa part de responsabilité en entrant en tant que régulateur au capital de banques trop contentes de pouvoir user de l'Etat comme d'une simple pompe à refinancement. Aujourd'hui, le Petit Père des People a très lyriquement déclaré que « l'idéologie de la dictature des marchés est morte ». Soit. L'idéologie, peut-être. On peut éventuellement en douter. Mais dans les faits, la dictature des marchés est elle encore bien vivace et Nicolas Sarkozy vient une nouvelle fois de s'y soumettre.
Où l'on parle de : Qui veut gagner des milliards ?
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De la relativité d'un krach boursier
Il est tellement vrai qu'un bon petit graphique vaut parfois mieux qu'un long discours que je vous propose, et je m'adresse en particulier aux jeunes traders qui auraient dans l'idée d'ouvrir la fenêtre, de vous pencher [sic !] un court instant sur...
l'évolution du CAC40 sur 15 ans
En revanche, si vous avez devant vous une petite heure et l'envie de comprendre pourquoi le système économico-financier qui nous gouverne est en crise, d'apprendre en particulier que l'essentiel de la masse monétaire en circulation est une dette qui n'a d'autre vocation que de s'accroitre, et que donc la fin dudit système est inéluctable, et qu'il nous faudrait même l'anticiper, je vous suggère de consulter l'article intitulé l'argent et les banques pour les nuls et de prendre le temps de regarder la video qui y est présentée...
Et puis, ou bien si vous n'avez que quinze minutes, et parce que davantage encore dans des périodes de crise comme celle que nous vivons actuellement - et qui si elle n'atteindra que très relativement la grande finance internationale, sera néanmoins d'une gravité économique et sociale de toute première importance - parce que donc la politique a un sens en ce qu'elle est le nid où couve notre avenir commun, je voudrais également vous inviter à écouter attentivement l'intervention de Benoit Hamon, ce mardi à la Mutualité, devant les militants socialistes parisiens :
Pour en savoir plus sur La motion «Un Monde d'Avance » et ses 79 propositions, laissez-vous tenter...
Source : De la relativité d'un krach boursier
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L'argent et les banques pour les nuls
En ces temps de crise financière où nous découvrons l'importance des activités souterraines des banques, où beaucoup en viennent à se demander si leur argent est bien en sécurité sur leurs comptes bancaires, il est sans doute utile d'informer tout un chacun que l'argent n'existe pas, ni à la banque ni ailleurs.
L'essentiel de la masse monétaire est créé par les banques elles-même sur la base des promesses de remboursement des emprunts qu'elle a elle-même accordés. Dit autrement, lorsque vous empruntez 10 000 euros à la banque pour acheter une voiture, la banque obtient de votre part la promesse que vous allez rembourser dans le futur ces 10 000 euros (plus les intérêts), considère donc qu'elle possède ces 10 000 euros... et vous les prête... puis empoche les intérêts de vos remboursements... de même qu'elle empoche les 10 000 euros que le vendeur de votre voiture a reçu de vous et qu'il épargne à la banque (la même ou une autre, peu importe)... lesquels 10 000 euros épargnés autorisent à la banque une capacité accrue à accorder des crédits, donc à créer plus d'argent encore.
Ainsi l'argent est en réalité une dette. On imagine alors aisément ce qui se passe dans le cas où beaucoup d'emprunteurs viennent simultanément à ne plus pouvoir rembourser leurs emprunts. Puis lorsque les épargnants, ayant perdu confiance en leurs banques, se précipitent pour réclamer le remboursement des sommes épargnées... et dont en réalité les banques ne disposent pas.
Vous trouvez cela compliqué ? L'indispensable Café-Croissant a dégoté un petit film qui vous explique tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur l'argent sans jamais oser le demander. Un 52 minutes très pédagogique qui vaut vraiment la peine - même si je dois dire que je suis plus que légèrement gêné par la théorie conspirationniste qui fait plus qu'affleurer vers la fin du film et que je vous invite à considérer avec une méfiance redoublée (*).
Quatre questions essentielles viennent clore la première partie de cet intéressant documentaire - du moins donc dans sa première partie -, qui se poursuit sur des débuts de solutions plus discutables mais non moins intéressantes, notamment en ce qu'elles invitent à redonner à la puissance publique le soin de créer et gérer elle-même la masse monétaire afin de sortir du cercle infernal de la dette, et en particulier d'asseoir cette création monétaire sur la valeur des investissements publics (du type grand travaux) plutôt donc que sur une dette détenue par des intérêts privés.
Il me semble utile de retranscrire ces 4 questions, auxquelles nous aurions à répondre s'il nous prenait enfin de vouloir changer un système monétaire, économique et financier dont nous savons désormais qu'il nous conduit à la catastrophe :
Question 1- Pourquoi est-ce que les gouvernements choisissent d'emprunter de l'argent aux banques privées, avec intérêts, quand ils pourraient créer tout l'argent qu'il leur faut, sans intérêts ?
Question 2- Pourquoi créer de l'argent à partir du processus de dette ? Pourquoi pas créer de l'argent qui circule en permanence et qui ne doit pas sans cesse être réemprunté pour exister ?
Question 3- Comment un système monétaire fondé sur l'accélération perpétuelle de la croissance peut-il servir à construire une économie durable ?
Question 4- Pourquoi notre système actuel dépend-il entièrement d'une croissance perpétuelle ? Que faut-il changer pour créer une économie durable ?
(*) afin donc de garder les yeux grand-ouverts sur le message au moins aussi nauséabond que subliminal qu'on devine en arrière-plan, je vous engage à consulter sur rue89 un article où est expliquée l'origine de cette décidément sale petite odeur...
Pour terminer sur une note sans doute plus terre-à-terre, Antoine évoque très pertinemment le célèbre dilemme du prisonnier (célèbre pour qui a quelques notions de théorie des jeux) pour en quelques mots conter la mouise dans laquelle chaque épargnant que nous sommes (du moins pour ceux qui ont encore la chance d'en être) va se retrouver à devoir se débattre si cette crise glisse jusqu'à son terme : Laisser ou ne pas laisser son argent à la banque, telle serait donc la question...
Mais la bonne nouvelle est qu'un autre monde est possible !
EDIT : Actuellement, le site Vimeo sur lequel est hébergée la vidéo ne répond plus. Vous pouvez en ce cas visionner le film de Paul Grignon, l'Argent Dette, en plusieurs parties :
Partie 1 - Partie 2 - Partie 3 - Partie 4 - Partie 5 - Partie 6 - Partie 7
Où l'on parle de : L'argent et les banques pour les nuls
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Sarkozy ou le fou libéral
Qui sont les fous ?
Nicolas Sarkozy a déclaré dans son discours de Toulon : « L’idée de la toute puissance du marché qui ne devait être contrariée par aucune règle, par aucune intervention politique, était une idée folle. »
Qui sont donc ces fous qui baissent de 13 milliards les impôts des plus riches ?
Qui sont donc ces fous qui privatisent la Poste ?
Qui sont donc ces fous qui libéralisent la santé ?
Qui sont donc ces fous qui démantèlent le droit du travail ?
Qui sont donc ces fous qui organisent dans tous les domaines les reculs de l’Etat (education, recherche, service public, santé...) ?
Nicolas Sarkozy veut dire la vérité aux Français. Sa vérité la voici : il veut faire croire que tous les malheurs d’aujourd’hui et de demain n’ont rien à voir avec sa politique mais sont dûs à la crise internationale.
Nicolas Sarkozy vient de se livrer, dans un mélange d’approximations économiques et de bégaiements idéologiques à un réquisitoire en règle contre un système qu’il défend et promeut depuis le début de sa carrière politique.
Il déclare la mort du capitalisme pour s’empresser d’appeler les français à l’aider à « refonder le capitalisme ». Il découvre opportunément la nécessité d’un nouveau « Bretton Woods », proposé par le PS depuis plusieurs années pour mieux réguler les marchés financiers et améliorer leur transparence. Il évoque les paradis fiscaux mais refuse toute initiative en tant que président de l’Union Européenne pour favoriser une harmonisation fiscale et lutter contre la fraude fiscale (200 milliards d’euros) en s’attaquant notamment au secret bancaire qui assure la fortune de quelques états en Europe.
Il propose une augmentation des minimas sociaux qui ne compensera pas les effets des politiques de rigueur imposées par son gouvernement aux ménages les plus modestes.
Cela ne l’empêche pas non plus de maintenir le financement immoral du RSA qui concerne tous les petits épargnants mais pas les grandes fortunes qui bénéficient du bouclier fiscal.
Enfin, il exalte la croissance durable, au moment même où il rabote la fiscalité écologique.
En dépit de cette nouvelle imposture politique, il apparaît comme l’un des dirigeants occidentaux les moins qualifiés pour aider l’Europe et la France à s’extraire de cette crise.
J'allais oublier de le préciser : ce texte bien senti et fort à propos a été rédigé par Benoit Hamon.
Crédit dessin : PLACIDE - Reproduction interdite sans autorisation de l'auteur
Où l'on parle de : Sarkozy ou le fou libéral
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L'UMP toute nue (âmes sensibles s'abstenir)
En tant que fils de son père Marcel Dassault, Serge Dassault est milliardaire et accessoirement chef d'entreprise et sénateur UMP. Moins accessoirement, il est en sus propriétaire du Figaro. On pourra également noter que son fils, Olivier Dassault , est quant à lui député (toujours de l'UMP, ça va de soi).
Pour entrer un peu plus dans le détail, Serge Dassault est cet homme qui expliquait que les journaux doivent diffuser des "idées saines", car "nous sommes en train de crever à cause des idées de gauche". A des responsables du Centre de formation des journalistes (CFJ), il se fit plus précis en leur lançant : "J'espère que vous allez cesser de former des journalistes de gauche !". Récemment, le 19 juin 2008, Serge Dassault déclarait qu'il jugeait "anormal" d’aider les chômeurs, "des gens qui ne veulent pas travailler". On se souviendra en outre que le journal Marianne, en Une de son premier numéro (1997), dénonçait Serge Dassault comme "l'empereur tricolore de la corruption".
Ces petites précisions pour dire que cet homme-là (dont on devine sans mal qu'il ne doit pas son mandat de sénateur à sa grande intelligence politique - mais à quoi donc ?) possède l'immense avantage de clamer très haut ce que la droite UMP, laquelle demeure malgré tout encore très opportunément complexée, pense très fort et s'efforce jour après jour de mettre en oeuvre. Certes nous soupçonnons sans mal qu'"ils" pensent comme ça, voire même nous le savons, car nous connaissons l'idéologie qui les anime et les intérêts qu'ils servent, mais il est toujours intéressant d'entendre cette pensée s'exprimer de manière transparente et apparaître telle qu'elle est, dépouiller des oripeaux sous lesquels d'ordinaire elle se dissimule.
Tiendrez-vous dix minutes d'UMP sans langue de bois ?
merci à dagrouik
Source : L'UMP toute nue
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Billet précédent : Alerte RESF : Rafle programmée à Montreuil ?
Humour au Modem
La bonne blague de Luc Mandret
Cela n'étonnera qu'assez peu de monde qu'un ségoliste convaincu, pour lequel j'ai néanmoins moins un grand respect, se soit débrouillé pour faire inscrire un p'tit gars du Modem au journal Cozop des left-blogs. Cela n'étonnera pas grand monde non plus qu'un p'tit gars du Modem, le même, joue sur son blog à compléter des chaînes (il s'agit de faire un billet sur son blog où l'on donne son top five ou top ten de ses animaux préférés, de ses gagnants de la starac', de ses crèmes de beauté... et puis d'inviter cinq ou dix autres blogueurs à en faire autant - trop fun quoi j'te jure !). D'ailleurs, d'autres partagent ce goût pour ce petit jeu et même lui qui pourtant se prend très au sérieux sur la blogosphère, à ce qu'on me dit... Plus surprenant est toutefois de retrouver ainsi le dit billet centristo-mièvre sur le journal des left-blogs sur Cozop, mais bon, pas encore de quoi fouetter un chat après tout. Non, pour moi ce qui constitue la véritable surprise, qui en réalité me troue le cul, littéralement, et fournit l'argument à ce billet, est ailleurs. Je vous explique.
Luc Mandret, "blogueur centriste" (et déjà que je ne sais pas trop ce qu'est un blogueur...), a donc joué à une "chaîne sur blogs" - grand bien lui fasse, bref. Il s'agissait cette fois d'écrire ses cinq contradictions (wouhuuuh comme c'est amusant !) et voilà qu'en numéro 2, ce cher Luc, auquel je n'avais jusque là pas soupçonné tant d'humour et de causticité, écrit : "Je me positionne globalement à gauche et je suis militant au MoDem. De gauche sur les questions sociétales, du centre sur les questions économiques. Libertaire et soft-libéral.". Je résume : Luc Mandret nous explique que, libertaire, il s'est engagé au Modem, aux côtés de François Bayrou qui lui est sans nul doute libéral et soft-libertaire (très très soft)...
Bon...
Moi, ça me fait hurler de rire...
Pas vous ?...
Bon...
Mais peut-être ne savez-vous pas que [mode Wikipedia] Le mot libertaire a été créé par Joseph Déjacque, militant et écrivain anarchiste, par opposition à « libéral ». Le néologisme construit sur un modèle alors répandu chez les socialistes utopiques par l'usage du terme prolétaire (égalitaire, fraternitaire), apparaît dans une lettre ouverte à P. J. Proudhon, De l’Être-Humain mâle et femelle - Lettre à P. J. Proudhon, publiée à la Nouvelle-Orléans en mai 1857. Joseph Déjacque s'oppose à la misogynie de Proudhon et l’accuse d'être « anarchiste juste-milieu, libéral et non LIBERTAIRE… ». Contre son conservatisme en matière de mœurs, Déjacque revendique la parité des sexes et la liberté du désir dans une société affranchie de l'exploitation et de l'autorité.[fin mode Wikipedia]
Bon, là déjà c'est très drôle. Ça devient tout simplement hilarant un tout petit peu plus loin : [mode Wikipedia]En dépit de l'origine du terme, le philosophe et sociologue marxiste Michel Clouscard a introduit l'expression synthétique « libéral-libertaire » dans son livre Néo-fascisme et idéologie du désir (1972) pour dénoncer la permissivisme moral des étudiants gauchistes de mai 1968 qu'il considère comme une attitude contre-révolutionnaire, expression depuis revendiquée par certains, à l'instar du député européen Daniel Cohn-Bendit.[fin mode Wikipedia]
Accessoirement, il faudrait peut-être expliquer à Luc, et plus largement à ses petits camarades centristes, qu'il n'y a pas en politique les "questions sociétales" d'un côté et les "questions économiques" de l'autre, mais bien des questions politiques globales auxquelles il s'agit d'apporter des réponses politiques et conçues comme un tout cohérent. Lui expliquer par exemple qu'être favorable au mariage des homosexuels ne fait en aucun cas de lui ou de qui que ce soit d'autre un homme de gauche - pas plus que distribuer un peu de menue monnaie à ses pauvres à la sortie de la messe ne règle jamais la question des solidarités. Être un bon petit gars, à l'esprit ouvert, gentil et tolérant, c'est certes très bien... mais ça n'a rien de politique.
...
Libertaire et au Modem ! Mpfffff... et Ouarf Ouarf Ouarf !!!... Tout de même, s'ils sont tous aussi drôles, qu'est-ce qu'on doit se marrer dans les réunions du Modem. Je serais presque tenté... si je n'avais passé un aussi bon moment ce midi-même avec certaine amie socialiste et de gauche (ce qui est quasiment devenu une contradiction par les temps qui court - et ça m'en fait donc une... pour le cas improbable où l'on m'invite à entrer dans la chaîne).
Source : La bonne blague de Luc Mandret
Réforme de l'Etat (RGPP) et Rigueur
Vous avez dit Rigueur ?

© La République des Fourmis par SaT - Reproduction interdite sans autorisation de l'auteur
Les choses sont aujourd'hui très claires : d'un côté, le gouvernement Sarkozy-Fillon dépense généreusement 15 milliards d'euros par an pour réduire la pression fiscale sur les français les plus riches, de l'autre - mais seulement une fois les échéances électorales passées - 7 milliards (et ce n'est qu'un début) d'économies annuelles sont imposés aux services de l'Etat et qui pénaliseront en priorité les foyers les plus modestes - lesquels auront plus de mal à se loger, plus de mal à se soigner, plus de mal à permettre à leurs enfants de prendre l'ascenseur social en bénéficiant d'un enseignement de qualité, plus de mal à vivre...
Disons-le plus clairement encore, Sarkozy impose à la France ce que Ronald Reagan et Margaret Thatcher ont imposé respectivement aux Etat-Unis et à la Grande-Bretagne, ... il y a vingt-cinq ans ! Il s'agit de cette stratégie sournoise mise au point par les idéologues du libéralisme visant à un désengagement brutal de l'Etat dans les services publics, le rendant inefficace et justifiant dans un second temps d'en confier la responsabilité au secteur marchand. De manière imagée, la stratégie revient à inoculer la rage à son chien afin de justifier qu'on soit obligé de l'abattre. Sans moyens, la dégradation de la qualité de l'enseignement dans les écoles publiques justifiera qu'on ouvre toujours plus d'écoles privées ; exsangues, les hôpitaux seront de plus en plus dans l'incapacité de remplir correctement leurs missions et un marché s'ouvrira pour les cliniques privés ; etc...
Le résultat est connu : privatisation de l'école et de l'université, privatisation de la recherche, privatisation de l'assurance maladie, privatisation du régime de retraites, privatisation de l'assurance chômage, politique culturelle remise entre les mains du système marchand, une justice à deux vitesses ne permettant pas aux pauvres de faire valoir leurs droits, etc... Ceux qui pourront payés bénéficieront encore d'une éducation de qualité pour leurs enfants, pourront se soigner dans des cliniques privés bien équipés et auront la vie facile, tandis que pour les autres tout sera plus difficile dans une vie où le moindre accident de santé risquera de tourner au drame économique, et où les enfants iront s'agglutiner dans des établissements scolaires aux classes surchargées dans lesquelles des profs dépassés tenteront en vain d'enseigner qu'il fût un temps où l'égalité des chances était un objectif pour lequel il valait la peine de se battre.
C'est vers une telle société qu'à grands pas nous nous dirigeons... et ce alors même que dix à quinze années furent ensuite nécessaires aux Etats-Unis comme à la Grande Bretagne - Bill Clinton ici et Tony Blair là - pour réparer un peu des immenses dégâts causés par une politique de démolition systématique et aveugle de l'Etat, une politique sans fondement économique sinon l'intérêt du portefeuille de quelques-uns, cette marque de l'imbécillité profonde de l'idéologie libérale.
Ils disent "réformer l'Etat"... quand il ne s'agit en réalité que de l'abandon de ses missions fondamentales. Pour cette droite idéologue, la réforme équivaut purement et simplement à moins d'Etat... quand une autre voie serait le mieux : dépenser moins pour dépenser mieux, réformer pour plus d'efficacité, réformer plutôt que déformer.
On parle de : Réforme de l'Etat (RGPP) et Rigueur
La rupture selon Sarkozy
Bis repetita
Dans le programme du candidat Chirac aux présidentielles de 2002, on peut lire entre autres choses :
"Assouplir les 35 heures par la voie d'accord entre les partenaires sociaux, sans modifier l'horaire légal et faire sauter le verrou des heures supplémentaires, après négociation, en augmentant le contingent et en baissant la surtaxation"
"Baisse de l'impôt sur les successions via un doublement du plafond"
"Elargir la liberté pour la retraite en permettant à ceux qui veulent travailler plus longtemps de toucher davantage"
"Allégement des charges sociales pour les entreprises"
Sans oublier que le leitmotiv de la campagne était... "Travailler plus pour gagner plus". Je vous livre pour preuve un extrait du discours prononcé par M. Chirac le 25 mars 2002 et intitulé "Mon engagement pour la France" :
Je m'engage à rendre toute leur place au travail et au mérite, en dépassant l'horizon de l'assistance :
1- En garantissant l'entrée des jeunes dans la vie active [...]
2- En réorientant l'assistance vers le travail [...]
3- En permettant à ceux qui veulent gagner plus de travailler plus :
o l'horaire légal sera maintenu à 35 heures, mais l'Etat cessera de choisir à la place des Français entre revenu et temps libre,
o les Français qui le peuvent et qui le souhaitent pourront travailler plus pour gagner plus,
o l'assouplissement des 35 heures sera négocié par les partenaires sociaux pour s'adapter à la diversité des aspirations des salariés et aux réalités des entreprises.
"Travailler plus pour gagner plus", "privilégier le travail par rapport à l'assistanat", ça rappelle quelque chose, non ?
M. Sarkozy, quoi qu'il en veuille nous faire croire, nous propose de poursuivre très exactement ce que lui et ses amis politique ont mis en place depuis cinq années qu'ils gouvernent. Une rupture bien tranquille, en effet. Le discours est le même qui cherche à rendre présentable la même politique dont le résultat est désatreux tant du point de vue économique que du point de vue social :
- une dette record : 300 milliards d'euros ;
- un déficit commercial record : 30 milliards d'euros en 2006 ;
- des prélèvements obligatoires (les impôts) en hausse, contrairement aux promesses faites ;
- une croissance économique minimale ;
- une précarité économique et sociale aggravée pour les salariés ;
- un système de solidarité dégradé ;
- etc...
La vérité est là et tous les beaux discours de M. Sarkozy ne devraient pas conduire les français à prendre les vessies du libéralisme pour des lanternes sociales.
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