La carte de la crise
Au soir de son élection et au sortir du Fouquet, Nicolas Sarkozy avait osé déclarer : « Je ne vous trahirai pas, je ne vous mentirai pas, je ne vous décevrai pas. » Et depuis, il n'a cessé de réclamer qu'on veille bien « le juger sur ses résultats. »
Et puis il voulait être « le président du pouvoir d'achat », il avait annoncé le retour au plein emploi et promis que d'ici deux ans, en France, chacun aurait droit à un toit et on ferait en sorte que « nul ne puisse dormir dans la rue et y mourir de froid. »
A peine deux ans plus tard, nous apprenons qu'avec 100 000 chômeurs de plus en trois mois, la France compte de nouveau plus de deux millions de chômeurs - sans compter tous les radiés et les précaires qui n'entrent plus dans les statistiques officielles(*). Nous ne sommes pas encore entré dans l'hiver, mais au cours de la semaine passée six personnes privées de domicile sont mortes dans la rue. Et les français ont désormais bien compris qu'ils n'ont peu à espérer en terme d'augmentation de leur pouvoir d'achat, bien au contraire.
Mediapart a réalisé une très éclairante carte de la crise économique, et donc sociale, qui frappe la France :
Et pendant ce temps là, le président-menteur gère une situation qu'il a largement contribué à créer par effets d'annonces successives. D'abord en niant la crise, puis en se contentant de s'attaquer à son aspect financier et dilapidant des milliards d'euros sortis miraculeusement de caisses vides pour renflouer des banques sans leur imposer la moindre contre-partie contraignante en matière de prêts aux entreprises ou aux particuliers ; ensuite en refusant des semaines durant l'idée d'un plan de relance, pour enfin faire annoncer la présentation la semaine prochaine... d'un plan de relance - dont on peut parier déjà qu'il ne s'agira que de quelques mesures conjoncturelles, qui frapperont les esprits mais dont la mise en oeuvre ne saurait remettre en cause l'indépassable credo libéral qui, par delà ses discours, anime chaque décision de ce tout petit président décidément sans envergure.
Chaque année, le paquet fiscal distribue quinze milliards d'euros à ceux qui en ont le moins besoin. En cadeau de rentrée des classes, les banquiers mauvais élèves ont reçu trente milliards d'euros d'argent public. Les amis du petit père des people, Bouygues via TF1 et Bolloré via la TNT, trouveront dans leurs petits souliers privés la mise à mort du service audiovisuel public français, et en particulier de France Télévision. Et le président lui-même n'a pas oublié de se servir en faisant voter une augmentation conséquente du budget de fonctionnement de l'Elysée. Mais, dans les semaines et les mois à venir, les français verront quant à eux leur pouvoir d'achat reculer à mesure qu'ils rejoindront les rangs des chômeurs et des précaires. Et au bout de la chaîne de la casse sociale, d'accident de la vie en accident de la vie, quelques uns qui auront perdu jusqu'à la possibilité d'avoir un toit sous lequel s'abriter, mourront seuls et anonymes, de faim et de froid, en France.
Merci qui ?
(*) Fin octobre 2008, 2.004.500 demandeurs d'emploi étaient inscrits à l'ANPE dans la catégorie 1, qui sert de baromètre de référence depuis 1995, et qui ne retient que les personnes cherchant un emploi à temps plein en CDI et n'ayant pas travaillé plus de 78 heures dans le mois écoulé.
Si en revanche on englobe l'ensemble des inscrits en catégorie 1, 2, 3, 6, 7 et 8, c'est-à-dire incluant les chômeurs ayant un pied dans le chômage, un pied dans l'emploi, on atteint cette fois le chiffre de 3,15 millions.
Où l'on parle de : La carte de la crise
|
|

Ségolène Royal perd... et chante victoire
Qui veut gagner des milliards ?
L'Etat a donc décidé d'injecter 10,5 milliards d'euros au capital des six plus grandes banques privées françaises : 3 milliards pour le Crédit Agricole, 2,55 milliards pour BNP Paribas, 1,7 milliards pour la Société Générale, 1,2 milliards pour le Crédit Mutuel, 1,1 milliards pour la Caisse d'Epargne et enfin 950 millions pour les Banques Populaires.

© La République des Fourmis par SaT - Reproduction interdite sans autorisation de l'auteur
10,5 milliards d'euros ! Mais ils n'en avaient pas besoin, disaient-ils. La solidité de leurs établissements se suffisait à elle-même, avaient-ils déclarés. Et dans un communiqué de presse, la Banque de France avait elle-même affirmé que ces six établissements affichaient un état « tout à fait satisfaisant, conforme ou supérieur à ce qui a été demandé par la commission bancaire à chaque établissement, en fonction de la nature de ses activités et de son profil de risque ».
10,5 milliards d'euros ! Et quoi en échange ?
En échange de cet apport de fonds propres par l'Etat, les six principales banques hexagonales se sont engagées sur des mesures économiques et éthiques : les banques se sont notamment engagées à développer la distribution du crédit et par conséquent le financement de l'économie de façon notable... Dit autrement, l'Etat a versé plus de 10 milliards d'euros pour que les banques fassent tout simplement leur travail.
Un cadeau et au résultat, évidemment, les valeurs bancaires se sont envolées, mardi 21 octobre, à la Bourse de Paris . Le Crédit Agricole s'est située en tête des hausses du CAC 40 (+15,74%), suivie de la Société Générale (+10,23%) et de la BNP (+7,47%), dans un marché en très faible hausse de seulement 0,78%.
C'est que le cadeau de Nicolas Sarkozy à ses amis banquiers était en réalité double : D'une part l’Etat injecte des fonds, et de l'autre il s'abstient d’entrer au capital des banques privées qu'il recapitalise. Ainsi celles-ci reçoivent les 10 milliards d'argent public tout en demeurant totalement libres d'en user comme elles l'entendent. Georges Pauget, patron du Crédit Agricole et président de la Fédération bancaire française, a d'ailleurs déclaré avec une rare impudeur : « Nous avons posé nos conditions, et parmi celles-ci, que l'Etat ne nous apporte pas de vrai capital. Nous ne voulons pas d'un Etat avec des pouvoirs dans la gestion des établissements ». Et en effet, Nicolas Sarkozy, bonne poire libérale, venait de se coucher.
Pourtant même les anglo-saxons ont choisi la voie de la sagesse et de l’intérêt général. Le gouvernement américain de George W. Bush, le gouvernement anglais de Gordon Brown, ceux du Luxembourg, de la Belgique et des Pays-Bas, tous ont choisi la nationalisation partielle de leurs banques, tous ont choisi de prendre une part du pouvoir dans les conseils d'administration des banques privées, pouvoir sans lequel il ne peut y avoir de vrai contrôle sur la manière dont les banques font des affaires.
Encore une fois, d'un côté les mots, de l'autre les actes. D'un côté Nicolas Sarkozy parle de régulation et de retour de l'Etat, et de l'autre il se révèle plus libéral que les ultra-libéraux en se refusant à ce que l'Etat prenne sa part de responsabilité en entrant en tant que régulateur au capital de banques trop contentes de pouvoir user de l'Etat comme d'une simple pompe à refinancement. Aujourd'hui, le Petit Père des People a très lyriquement déclaré que « l'idéologie de la dictature des marchés est morte ». Soit. L'idéologie, peut-être. On peut éventuellement en douter. Mais dans les faits, la dictature des marchés est elle encore bien vivace et Nicolas Sarkozy vient une nouvelle fois de s'y soumettre.
Où l'on parle de : Qui veut gagner des milliards ?
|
|
Crise des subprimes : sifflets pour Sarkozy
Il faut commencer par donner une définition. Qu'est-ce que les subprimes ? Pourquoi sont-ils à l'origine de la crise financière ? L'article de wikipedia étant sur ce sujet assez complet, je me contente d'en citer quelques extraits utiles :
Au sens le plus large, un « subprime » est un crédit à risque, offert à un emprunteur qui n'offre pas les garanties suffisantes pour bénéficier du taux d'intérêt le plus avantageux. Le terme est employé plus particulièrement pour désigner une forme de crédit hypothécaire destinée aux emprunteurs à risque. Ce crédit immobilier est gagé sur le logement de l'emprunteur.
[...]
Après un taux promotionnel initial très bas, sur une durée de 2 ou 3 ans, le taux est indexé sur [un] taux directeur de la banque centrale [...] augmenté d'une marge, pour une durée de 27 ou 28 ans. Ce deuxième taux d'intérêt est donc variable. Il est aussi plus élevé que les prêts classiques, en contrepartie de critères d'attributions plus souples pour ce type de prêt.
[...]
Tant que la valeur moyenne des logements augmentait, la défaillance d'un emprunteur permettait au prêteur [la banque] de se rembourser assez facilement sur la revente du bien immobilier, ce qui rendait le risque pris très acceptable.
[...]
Une hausse des taux longs [entraîne] une augmentation des montants des remboursements des emprunts à taux variable, et les ménages fortement endettés à taux variable [se trouvent] dans l'incapacité de respecter leurs échéances de remboursement.
[...]
L'augmentation du nombre de ménages dans l'incapacité de rembourser leur mensualité a [...] pour effet d'augmenter le nombre de propriétés a vendre. En conséquence [...] le marché immobilier [entre] dans une crise immobilière [...] Dans ce contexte, en cas de défaillance de l'emprunteur, le prêteur n'arrive donc plus à recouvrer la totalité de sa créance en revendant le bien immobilier. À la faillite personnelle des emprunteurs [s'ajoute] une série de graves difficultés financières pour les prêteurs et certains de leurs banquiers.
En résumé, les subprimes sont des crédits à taux variables et hypothécaires, c'est-à-dire garanti par le bien immobilier dont l'achat nécessite que l'on emprunte. Crédits qui sont très risqués aussi bien pour l'emprunteur (en cas de hausse des taux, il ne pourra plus payer et perdra son logement) que pour le créancier (en cas de baisse de l'immobilier, il ne pourra récupérer son capital sur la vente du bien de l'emprunteur).
Il semble aujourd'hui y avoir unanimité aujourd'hui pour reconnaître l'évidence : ce type de crédits est une escroquerie en ce qu'elle conduit directement au surendettement et à la faillite personnelle. Ce n'était pourtant pas le cas il y a quelques mois encore dans le camp des libéraux, et pour Nicolas Sarkozy en particulier.
Nicolas Sarkozy qui joue aujourd'hui les sauveurs pourfendeurs du libéralisme et vante la main sur le coeur les mérites de la régulation, disait il y a peu ceci :
« Il faut mettre en œuvre rapidement la réforme du crédit hypothécaire. Ce n’est quand même pas excessivement audacieux de proposer que les crédits immobiliers soient tout simplement et uniquement garantis sur la valeur des biens achetés ; ni excessivement anormal de demander aux banques d’accorder sur la même hypothèque un nouveau crédit, lorsque le précédent emprunt a été partiellement remboursé. Il faut inciter les banques à prêter à tous et pas seulement aux plus aisés. »
C'était le 17 mars 2005, dans un discours prononcé à l'Assemblée nationale lors de la Convention sociale de l'UMP "Pour une politique de justice et de responsabilité". Et c'était pire même que les subprimes à l'américaine, puisqu'il proposait en sus de réapprovisionner la capacité de crédit à mesure que l'emprunt initial était remboursé. Nicolas Sarkozy proposait ni plus ni moins ce qu'on pourrait appeler un crédit hypothécaire en poupées russes - moyen plus sûr encore d'accélérer la spirale du surendettement : dès que vous sortez un peu la tête de l'eau on vous attire à nouveau vers le fond !
Ainsi, le candidat à l'élection présidentielle qu'il était deux ans plus tard faisait-il en toutes lettres dans son programme la proposition suivante :
« Les ménages français sont aujourd’hui les moins endettés d'Europe. Or, une économie qui ne s'endette pas suffisamment, c'est une économie qui ne croit pas en l'avenir, qui doute de ses atouts, qui a peur du lendemain. C'est pour cette raison que je souhaite développer le crédit hypothécaire pour les ménages et que l'État intervienne pour garantir l'accès au crédit des personnes malades. Je propose que ceux qui ont des rémunérations modestes puissent garantir leur emprunt par la valeur de leur logement. Il faut réformer le crédit hypothécaire. Si le recours à l’hypothèque était plus facile, les banques se focaliseraient moins sur la capacité personnelle de remboursement de l’emprunteur et plus sur la valeur du bien hypothéqué. Ceci profiterait alors directement à tous ceux dont les revenus fluctuent, comme les intérimaires et de nombreux indépendants. »
Mais le poids de la parole et de l'image étant plus important pour Nicolas Sarkozy, écoutons ce qu'il disait le 14 septembre 2006, lors de la convention UMP Pour la France d'après - Contre la précarité, permettre à chacun d'être propriétaire :
Mais Nicolas Sarkozy est aussi cet homme qui a répété mille fois : « Tout ce que j'ai dit, je le ferai ». On se souvient également que dans son discours de prise de fonction, le nouveau petit président avait déclaré souhaiter que sa présidence soit guidée par douze exigences, parmi lesquelles figuraient en deuxième position de « respecter la parole donnée » et en troisième de « tenir les engagements ». Il nous faut encore une fois mesurer la chance que nous avons de savoir que ce n'était là aussi que des paroles en l'air.
Il nous faut tout autant avoir conscience que son revirement actuel et ses tirades enflammées en faveur de la régulation du marché, la moralisation du capitalisme et l'intervention de l'Etat dans les affaires économiques ne sont rien d'autre que circonstancielles. Il ne fait là que ce qu'il fait habituellement : il communique, il cherche à enfumer les français, une fois encore et une fois de plus.
Souvenons-nous également, car il l'a répété à maintes reprises, que la prochaine ambition de Nicolas Sarkozy, son nouveau boulot auquel il pense en se rasant, sera de faire de l'argent...
Où l'on parle de : Sifflets pour Sarkozy
|
|
Sortie de crise : Sarkozy, ce héros !
Il y a quelques jours à peine, le 8 octobre, je vous interpelais sur la relativité du krach boursier - où l'on constatait qu'il suffisait de regarder l'évolution du CAC40 (par exemple) sur plusieurs années pour relativiser la tragédie financière qu'on nous expliquait...
Aujourd'hui que l'on nous dit que Ouf ! C'est enfin terminé !!, il me semble intéressant d'observer l'évolution du CAC40 (toujours par exemple) sur les 18 derniers mois :
l'évolution du CAC40 sur 18 mois
Donc là, au jour d'aujourd'hui, nous serions bel et bien sortis de la crise ? Alors même qu'il y a encore quelques mois le CAC40 dépassait la barre des 6000 points ? Alors même qu'aujourd'hui il est très nettement en dessous des 4000 ? C'est étrange tout de même...
Observons ce phénomène d'encore plus près en ne remontant que jusqu'à début septembre :
l'évolution du CAC40 sur 45 jours
Moi, y a tout de même un truc qui me chiffonne... Non ?... Pas vous ?
On nous mènerait pas en bateau des fois ?!
Edit du mercredi 15 à 18 h : Tiens, le CAC40 a reperdu aujourd'hui près de 7%. Nous ne serions pas tout à fait sortis de la crise ainsi qu'on le prétendait encore hier à la même heure, où Sarkozy était présenté partout comme ce sauveur génial ?
Et on me signale à l'instant du fond de la cave, dans les commentaires, deux indices éclairants : un indice de volatilité, sorte de mesure d'incertitude des marchés et donc de la potentialité d'une poursuite de la crise financière, et l'évolution du TED, sorte de mesure de la confiance des banques entre elles - l'un comme l'autre sont pour l'heure spectaculairement alarmant.
Où l'on parle de : Sarkozy, ce héros !
|
|
Pouvoir d'achat : ce ne sera pas la faute de la crise
Pour distribuer du pouvoir d'achat, rien de tel qu'une bonne crise planétaire. C'est en tous cas ce qu'on a cru comprendre, hier soir, en écoutant le Premier ministre sur TF1 : les "sommes énormes" engagées par l'État sont "sans risque pour les contribuables", a-t-il expliqué. Elle pourraient même "rapporter de l'argent à l'État quand la crise sera terminée". (source)
François Fillon s'est même fait plus précis : "Si les choses se passent normalement, l'Etat français peut gagner de l'argent dans cette crise".
Voilà qui est dit.
Et qu'ils ne viennent pas dans quelques mois prétendre que la situation économique catastrophique de la France, la récession et le pouvoir d'achat en berne des français ne seraient que les effets néfastes de la crise, que leur politique économique et (anti)sociale n'y serait absolument pour rien. Ils seront, et sont déjà responsables.
Nicolas Sarkozy a d'ailleurs demandé maintes fois qu'on le juge sur les résultats. Nous n'y manquerons pas.
Notons déjà qu'au bout de bientôt 18 mois de présidence - qui font suite, rappelons-le tout de même, à cinq ans d'une politique identique menée par un gouvernement déjà UMP - les résultats de Nicolas Sarkozy sont unanimement négatifs : balance commerciale déficitaire, dette publique en explosion, comptes sociaux dans le rouge, récession économique, prélèvements obligatoires croissants, chômage à la hausse, inflation record, pouvoir d'achat rogné, etc...
Sinon, vous vous demandez peut-être vous aussi d’où sortent les 360 milliards d’euros du plan français ? La réponse, et les petits secrets, sont dans le click...
Où l'on parle de : Ce ne sera pas la faute de la crise
|
|
De la relativité d'un krach boursier
Il est tellement vrai qu'un bon petit graphique vaut parfois mieux qu'un long discours que je vous propose, et je m'adresse en particulier aux jeunes traders qui auraient dans l'idée d'ouvrir la fenêtre, de vous pencher [sic !] un court instant sur...
l'évolution du CAC40 sur 15 ans
En revanche, si vous avez devant vous une petite heure et l'envie de comprendre pourquoi le système économico-financier qui nous gouverne est en crise, d'apprendre en particulier que l'essentiel de la masse monétaire en circulation est une dette qui n'a d'autre vocation que de s'accroitre, et que donc la fin dudit système est inéluctable, et qu'il nous faudrait même l'anticiper, je vous suggère de consulter l'article intitulé l'argent et les banques pour les nuls et de prendre le temps de regarder la video qui y est présentée...
Et puis, ou bien si vous n'avez que quinze minutes, et parce que davantage encore dans des périodes de crise comme celle que nous vivons actuellement - et qui si elle n'atteindra que très relativement la grande finance internationale, sera néanmoins d'une gravité économique et sociale de toute première importance - parce que donc la politique a un sens en ce qu'elle est le nid où couve notre avenir commun, je voudrais également vous inviter à écouter attentivement l'intervention de Benoit Hamon, ce mardi à la Mutualité, devant les militants socialistes parisiens :
Pour en savoir plus sur La motion «Un Monde d'Avance » et ses 79 propositions, laissez-vous tenter...
Source : De la relativité d'un krach boursier
|
|
L'argent et les banques pour les nuls
En ces temps de crise financière où nous découvrons l'importance des activités souterraines des banques, où beaucoup en viennent à se demander si leur argent est bien en sécurité sur leurs comptes bancaires, il est sans doute utile d'informer tout un chacun que l'argent n'existe pas, ni à la banque ni ailleurs.
L'essentiel de la masse monétaire est créé par les banques elles-même sur la base des promesses de remboursement des emprunts qu'elle a elle-même accordés. Dit autrement, lorsque vous empruntez 10 000 euros à la banque pour acheter une voiture, la banque obtient de votre part la promesse que vous allez rembourser dans le futur ces 10 000 euros (plus les intérêts), considère donc qu'elle possède ces 10 000 euros... et vous les prête... puis empoche les intérêts de vos remboursements... de même qu'elle empoche les 10 000 euros que le vendeur de votre voiture a reçu de vous et qu'il épargne à la banque (la même ou une autre, peu importe)... lesquels 10 000 euros épargnés autorisent à la banque une capacité accrue à accorder des crédits, donc à créer plus d'argent encore.
Ainsi l'argent est en réalité une dette. On imagine alors aisément ce qui se passe dans le cas où beaucoup d'emprunteurs viennent simultanément à ne plus pouvoir rembourser leurs emprunts. Puis lorsque les épargnants, ayant perdu confiance en leurs banques, se précipitent pour réclamer le remboursement des sommes épargnées... et dont en réalité les banques ne disposent pas.
Vous trouvez cela compliqué ? L'indispensable Café-Croissant a dégoté un petit film qui vous explique tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur l'argent sans jamais oser le demander. Un 52 minutes très pédagogique qui vaut vraiment la peine - même si je dois dire que je suis plus que légèrement gêné par la théorie conspirationniste qui fait plus qu'affleurer vers la fin du film et que je vous invite à considérer avec une méfiance redoublée (*).
Quatre questions essentielles viennent clore la première partie de cet intéressant documentaire - du moins donc dans sa première partie -, qui se poursuit sur des débuts de solutions plus discutables mais non moins intéressantes, notamment en ce qu'elles invitent à redonner à la puissance publique le soin de créer et gérer elle-même la masse monétaire afin de sortir du cercle infernal de la dette, et en particulier d'asseoir cette création monétaire sur la valeur des investissements publics (du type grand travaux) plutôt donc que sur une dette détenue par des intérêts privés.
Il me semble utile de retranscrire ces 4 questions, auxquelles nous aurions à répondre s'il nous prenait enfin de vouloir changer un système monétaire, économique et financier dont nous savons désormais qu'il nous conduit à la catastrophe :
Question 1- Pourquoi est-ce que les gouvernements choisissent d'emprunter de l'argent aux banques privées, avec intérêts, quand ils pourraient créer tout l'argent qu'il leur faut, sans intérêts ?
Question 2- Pourquoi créer de l'argent à partir du processus de dette ? Pourquoi pas créer de l'argent qui circule en permanence et qui ne doit pas sans cesse être réemprunté pour exister ?
Question 3- Comment un système monétaire fondé sur l'accélération perpétuelle de la croissance peut-il servir à construire une économie durable ?
Question 4- Pourquoi notre système actuel dépend-il entièrement d'une croissance perpétuelle ? Que faut-il changer pour créer une économie durable ?
(*) afin donc de garder les yeux grand-ouverts sur le message au moins aussi nauséabond que subliminal qu'on devine en arrière-plan, je vous engage à consulter sur rue89 un article où est expliquée l'origine de cette décidément sale petite odeur...
Pour terminer sur une note sans doute plus terre-à-terre, Antoine évoque très pertinemment le célèbre dilemme du prisonnier (célèbre pour qui a quelques notions de théorie des jeux) pour en quelques mots conter la mouise dans laquelle chaque épargnant que nous sommes (du moins pour ceux qui ont encore la chance d'en être) va se retrouver à devoir se débattre si cette crise glisse jusqu'à son terme : Laisser ou ne pas laisser son argent à la banque, telle serait donc la question...
Mais la bonne nouvelle est qu'un autre monde est possible !
EDIT : Actuellement, le site Vimeo sur lequel est hébergée la vidéo ne répond plus. Vous pouvez en ce cas visionner le film de Paul Grignon, l'Argent Dette, en plusieurs parties :
Partie 1 - Partie 2 - Partie 3 - Partie 4 - Partie 5 - Partie 6 - Partie 7
Où l'on parle de : L'argent et les banques pour les nuls
|
|







